île de Gorée : mémoire de l’esclavage
Nous arrivons au terme de notre périple Sénégalais et sommes de retour à Dakar. Nous retrouvons les embouteillages incessants de cette capitale. S’ajoutent à ce que l’on connait les crachats noirâtres des tuyaux d’échappement d’un parc automobile vétuste , dans un état pitoyable ( compris pour les bus et les taxis) .
Dès notre arrivée à Dakar , nous entendons les djembés autour de nous, et nous voyons un grand nombre de bus remplis de personnes, habillées d’un maillot jaune qui se dirigent vers le centre ville. En y regardant de plus près, nous lisons sur les maillots « merci président pour 10 ans de gouvernance ». Ce sont les supporters du pouvoir que l’on va chercher dans la brousse pour quelques centaines d’euros afin de soutenir Monsieur Abdoulaye Wade.
Nous faisons une visite rapide de Dakar et ne voulons pas repartir sans un « pèlerinage » sur l’ile de Gorée. . Cette île , située en face de Dakar, a connu les pages les plus sombres parmi celles de l’histoire de l’humanité. En effet , elle était le point de départ des esclaves africains vers nos pays pendant 4 siècles.
Après 20 minutes de traversée, nous arrivons sur cette île magnifique sans pouvoir nous empêcher de penser ce qu’elle porte en mémoire, cette honte pour la race humaine. Pour mieux comprendre , nous nous rendons à la maison des esclaves. C’est là qu’étaient amenés les femmes , les hommes et les enfants ,chassés dans leurs villages .
Derrière la grande porte d’entrée nous trouvons une cour intérieure et tout autour, des pièces humides avec de petites ouvertures . Il y a celle des hommes, celle des femmes, celle des enfants,celle des récalcitrants, et la pièce de ceux qui ne sont pas assez lourds et qu’il faudra engraisser avant d’être vendus . Quinze à vingt personnes sont enchainées par cellule.
A l ‘étage ,il y a la salle des négociants . Des ventes ont lieu régulièrement . Elles se font souvent au poids . La monnaie d’échange , ce sont les armes, les bijoux…des africains ont collaborés sous la contrainte . L’usage du fouet est règlementé , 29 coup maximum…….
Les malades sont jetés à la mer, ce qui attire les requins et ne laisse aucun espoir à ceux qui voudraient s’évader à la nage.
Et puis il y a le couloir, au bout duquel se trouve un quai où accostaient les bateaux pour embarquer ceux qui auraient pu être nos pères , nos frères ,nos sœurs vers un voyage sans espoir et sans retour.
De là au cours de 4 siècles sont partis environ 15 millions de personnes dont 6 millions sont mortes très rapidement. C’est le même nombre que pendant l’esclavage arabe durant 1000 ans.
Les mouvements abolitionnistes avaient fait cheminer les esprits pour mettre fin à ces horreurs vers la fin du 18e siècle. Napoléon l’a fait rétablir pour « nécessité économique » : besoin de main d’oeuvre dans les plantations. Ce n’est qu’en 1848 que l’abolition a été définitive( officiellement).
Aujourd’hui encore, pour d’autres raisons économiques( pétrole,commerce des armes, matières premières, circuits douteux de l’argent) , il faut maintenir des chaînes inadmissibles qui constituent d’énormes freins au développement dans ces pays. Après l’esclavage, ils ont connu la colonisation et sont encore en situation de néocolonialisme, infiltrés d’une multitude de réseaux de toutes sortes et qui veillent au statu quo . On constate encore aujourd’hui, malgré les promesses , que moderniser les relations d’un autre âge avec l’Afrique prendra du temps . Le guide nous dit : « les africains sont responsables, ils doivent aujourd’hui prendre leur destin en mains ».
Nous sommes des complices passifs de cette situation. L’aide au développement est bien souvent un trompe l’œil qui donne une couleur acceptable à la façade sans toucher les racines profondes qui gangrènent les pays.
Le président Wade , sous la pression d’un certain nombre de ses concitoyens ,a fait la demande à la communauté internationale, pour que l’esclavage soit reconnu comme crime contre l’humanité.
Deux livres , parmi beaucoup d’autres, peuvent nous éclairer sur ce sujet très important:
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La françafrique le plus long scandale de la république de Verschave chez Stock
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- Mes étoiles noires de Lucy à Barack Obama de lilian Thuram