agroécologie à Ndiémane (Sénégal)
Le but principal de notre visite au Senegal est de rencontrer l’association Sahel People Service qui travaille, en collaboration avec « terre et humanisme », pour le développement d’oasis de cultures maraichères écologiques. Cette association a été créée par Pierre Gévaert et est présidée aujourd’hui par Anita Pellegrinelli Castan .
visite du site:
pour se rendre sur place, à Ndiémane, nous nous faisons accompagner,car nous devons emprunter une piste de brousse, notre sens de l’orientation n’est pas encore suffisant pour lire les pistes et les arbres. Nous arrivons et commençons par la visite des oasis.
Blaise, technicien de l’association, chargé du suivi nous organise la visite. 156 oasis sont déjà réalisés selon la méthode préconisée , localisés dans un rayon d’environ 10km, chacun ayant une surface allant de 5000m2 à 2hectares environ. Les oasis sont tous entourés de haies. On y entre par un petit portail. Presque partout nous voyons quelqu’un travailler, souvent arroser ses plantations . Il y a toujours un puits où l’on tire de l’eau, en général avec un seau et une corde. Les plantes les plus répandues à cette période,sont les oignons , les salades, les piments,il y a des arbres fruitiers. Nous sommes partout très bien accueillis par les propriétaires, heureux de nous expliquer leur réalisation.
le centre écologique de formation géré par l’association.
Il s’agit d’un village, comparable à un village de brousse. On y trouve une dizaine de petits bâtiments ( des cases) qui servent de chambres, de sanitaires , de lieu de formation et différentes fonctions. Il y a également un petit atelier de métallerie en parpaings et tolles, où travaillent 2 personnes qui fabriquent des fours économiseurs de bois(il faut 6 fois moins de bois qu’en chauffage direct). 6 ou 7 personnes sont salariés de l’association,dont l’équipe de techniciens.
L’association porteuse du projet est AFAFA ( aide aux forces vives africaines par la formation à l’agroécologie.) cette association a une convention avec SPS.
Ses objectifs actuels sont de répondre à 2 problématiques des agriculteurs: Élargir l’activité saisonnière de culture de céréales qui dure seulement 3 mois à l’époque de l’hivernage et faire face aux baisses de rendement agricole. Réduire l’utilisation du bois pour la cuisine et supprimer le recours aux bouses de vaches, séchées , plus utile pour le compost.
Pour atteindre ces objectifs,3 axes de travail principaux:
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le centre écologique de formation mène des expériences sur ses terres et fabrique des fours économiseurs de bois.
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L’équipe de technicien lance et accompagne le développement des oasis sur des terres de tradition maraichère.
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Le centre forme les paysans locaux aux méthodes de l’agroécologie (ainsi que d’autres personnes et organismes. )
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Commentaires:
l’association accompagne le développement de cultures maraichères avec des procédés respectant l’environnement afin de permettre à des familles de rester fixées sur leur terre pour faire face à l’exode vers les villes et en dehors du pays. Dans ses méthodes l’association,dés le départ, transmet le goût de l’autonomie à ses adhérents.
Maintenant que les premières réussites sont là,pour atteindre son but ,l’association essaie de répondre à la demande des paysans. Il y a une première démarche auprès du conseil rural pour l’attribution des terres. Ensuite l’association propose un contrat à 3: le chef du village, le paysan et l’association AFAFA. Ce contrat engage le paysan à respecter un cahier des charges et à rembourser la somme prêtée sous 3 ans. Dans le cahier des charges il y a des points relatifs aux méthodes utilisées: la plantation de haies périphériques pour que les animaux nomades ne viennent pas dévaster les cultures, le creusement d’un puits, la fabrication de diguettes pour favoriser l’infiltration d’eau et reconstituer les nappes d’eau lors de l’hivernage ,la fabrication d’un compost pour nourrir le sol. La somme prêtée sert à financer le puits et les équipements nécessaires au projet. Des formations sont assurées par l’association pour transmettre les méthodes. Le chef de village est partie prenante parce qu’il a un rôle d’autorité morale .
Un certain nombre de questions restent à l’étude: valoriser le circuit de distribution des produits , diversifier les cultures pour de meilleures rotations,améliorer le processus de fabrication des fours….
Les paysans que nous avons rencontrés sont satisfaits de leur investissement. Ils progressent dans leur culture même s’il suivent plus ou moins scrupuleusement les conseils apportés. L’association nous dit que des jeunes de famille ayant créées un oasis sont revenus travaillés au jardin. Certains jeunes étaient partis à Dakar.
Rencontre internationale:
Au cours de la deuxième semaine est organisée sur le site une réunion d’échange d’expériences et de formation pour quelques organisations qui oeuvrent dans le même domaine au Mali ,au Burkina Faso et au Sénégal . Il y a environ 25 personnes ( agriculteurs,formateurs, animateurs ) de ces pays. Quelques maliens ont eu 4 jours de transport en commun pour venir jusqu’ici.
Chacun apporte son témoignage. On apprend,par exemple:
qu’ au Burkina Faso l’initiative est venue suite à une grande sècheresse qui faisait fuir les paysans de leur terre et à l’intervention de P Rabhi;
qu’au Mali ou au Burkina il y a encore beaucoup moins d’eau qu’au Sénégal et qu’il faut développer des méthodes très économes en eau. Que parfois les puits font 90 métres de profondeur , creusés à la main.
Que les activités sont entre autre, la formation et l’information aux paysans, la gestion des ressources naturelles,l’accompagnement à la mise en place de sites de production, l’accompagnement des femmes dans des micro activités pour plus d’autonomie de vie, le financement de matériel et d’équipement,la formation de formateurs pour multiplier la transmission des savoirs et expériences.
Les diverses associations sont,avec leurs responsables locaux, à des degrés plus ou moins avancés d’autonomie.
Au regard de nos repères habituels , les gens que nous avons rencontrés sont très modestes, vivent dans des conditions très simples, sont très dignes et très fiers de leur métier ou de leur responsabilité. Nous avons également été très touchés par la qualité des relations que nous avons entretenues. Nous sommes invités dans tous ces pays pour aller rencontrer chacun dans son territoire. Pour nous ,citoyens de pays riches et développés ,c’est une vraie leçon d’humanité, d’apprentissage à l’élagage de l’inutile.
Pour toute information utile et approfondissement:
Bonjour, je suis tombée un peu par hasard sur votre blog et je tenais à vous féliciter pour votre blog, qui donne une vision du Sénégal avec un angle vraiment différent d’autres sites simplement touristiques! Votre article montre que les africains savent se donner les moyens de s’en sortir par eux-même, cela contraste avec la vision de certaines associations françaises, car apparemment, celle ci n’est pas reliée à une organisation occidentale, je me trompe?
Comme tous les autres , bien sur que les africains sont capables de s’en sortir.
Nous avons une lourde part de responsabilité dans la situation actuelle, comme ancien pays esclavagiste, colonial puis néocolonial. Aujourd’hui les africains ont à prendre les choses en mains et nous à jouer un véritable rôle de partenaire et non pas un rôle d’assistant ( celà maintient la dépendance).Nous devons porter le même regard sur les africains que nous portons sur nos concitoyens ou les européens .nous verrons d’ailleurs qu’ils ont beaucoup à nous apprendre , en terme de qualité de relations humaines, notamment. Nous pensons que SPS s’inscrit dans cette démarche de respect de l’autre avec la volonté d’accompagner vers l’autonomie.