nouvel an à Prague
Nouvel an à Prague
A peine partis de Vienne, après la traversée de collines toutes plus agréables les unes que les autres, nous arrivons en république tchèque. On peut presque dire, nous changeons de département. En effet nous sommes revenus dans l’espace Schengen, donc pas de contrôle aux frontières. Dans la roulotte nous discutons de l’idée de filmer le passage de la frontière, pour illustrer que les frontières ont disparu. Un policier autrichien nous arrête. il vérifie nos papiers et nous demande de le suivre. Il montre sa caméra qui indique 54km/h en nous montrant la limite autorisée de 30km/h. Les accords de Schengen n’ont pas supprimé la limitation de vitesse aux frontières. La leçon a couté 20 euros.
En direction de Prague, il nous faut trouver Vir, petit village perdu où nous avons prévu le prochain arrêt.
Nous traversons une superbe région, dans le prolongement de celles traversées en Autriche, mais, nous voyons très vite que le niveau de vie n’est pas le même. Ce qui nous étonne à chaque fois que nous entrons dans ces pays venants « des régimes de l’est », c’est l’importance, en nombre et en taille, des immeubles, y compris dans les villages.
Après 2heures de route, nous arrivons à Vir avec l’indication de l’auto camp. Mais nous perdons la trace du camp. La nuit venue, nous préférons téléphoner au camp. Une femme nous indique la direction. Nous partons, puis, dans la nuit, 15 minutes plus tard, au bout d’un chemin, en pleine campagne, nous apercevons une pile électrique s’agiter. C’est notre hôte qui est venue à notre rencontre.
Nous sommes arrivés chez un couple de hollandais, Hetty et Peter . Ils ont acheté cet ancien camp de vacances il y a 4 ans. En venant ici, Peter, a changé de métier. Il aménage d’anciens dortoirs en petits appartements à louer. Sur le site, il y a piscine, salles de jeux, etc.
C’est un lieu où nous dormons comme des bébés. Le matin, en sortant de la roulotte, pas un bruit, un silence religieux, qui fait du bien. Peter nous indique que le plus proche voisin est, d’un côté, à 4km et de l’autre, à 8 km. Hetty nous donne des documents relatifs à la région en nous précisant, qu’il s’agit de la plus belle région de Tchéquie.
Le matin, avant de partir, la neige a de nouveau recouvert le sol. Nous avons quelques doutes sur l’état de la route. Peter nous rassure. Nous prenons une photo des propriétaires avec leurs deux gros chiens et c’est parti. Nous roulerons au milieu des paysages de neige.
Nous allons passer le nouvel an à Prague. Arrivée le 30 12 à 17h. Première marche dans la ville. C’est un peu dur. Il pleut, c’est la nuit. Nous avons l’impression de ne jamais sortir de la nuit.
Nous passons au centre, célèbre pour nous par les événements du « printemps de Prague ».
Nous en sommes restés dans nos têtes à quelques images de cette période de 1968, qui n’avait pas été facile pour la Tchécoslovaquie. C’était le moment où Dubcek avait entrepris des réformes vers plus de libéralisme alors que le grand frère russe n’était pas encore prêt. M Gorbatchev dira en 1989, en réponse à la question: qu’est ce qui sépare vos réformes de celles qu’avait entrepris la Tchécoslovaquie en 1968? « La différence est : 19ans ».
C’est finalement le 31 que nous sentons vraiment l’âme de cette ville. Aujourd’hui, les rues de la vieille ville sont noires de monde, beaucoup de jeunes. De nombreux stands, type marché de Noël, occupent l’espace. De la fumée de saucisses grillées s’épand ça et là. L’ambiance est détendue à l’approche de cette fin 2009. La soirée promet d’être chaude.
Nous n’avons rien prévu pour cette soirée, si ce n’est nous mêler à cette foule. Arrivés au bout de la première rue ,Genevieve sursaute au bruit d’une explosion. La présence, nombreuse, de la police nous rassure. Mais « pétards », feux d’artifice, fumées, fusent dans tous les coins.
Nous allons vers le centre de la vieille ville où nous avons vu la foule l’après midi. Nous marchons au milieu du flot de gens, souvent jeunes, parfois déjà « un peu chaud », la bouteille à la main. On voit bien que chacun ne sait pas où il va. Il s’agit d’y être, là où cela se passe. Quoi ? Rien, ou plutôt le nouvel an. Comme nous, ils pourront dire, j’y étais.
Puis, il faut faire le réveillon. Nous achetons à un comptoir ouvert su la rue: deux parts de pizza (jambon et épinards) accompagnés d’un vert de vin chaud (pour Daniel, Geneviève ne veut pas succomber avant minuit).
A 22h, la fête commence à nous fatiguer, la pluie arrive, nous rentrons.
1er janvier 10heures, nous avons rendez vous pour une visite commentée. C’est calme, beaucoup de gens dorment encore .Une jeune guide Praguoise nous accueille. En compagnie d’un couple de Strasbourgeois venus en weekend (nous sommes à 600km de Strasbourg), nous partons à pied pour 3heures de visite.
Nous sommes ravis par la compagnie de cette jeune femme qui travaille depuis son domicile pour une maison d’édition située à l’autre bout du pays. Elle fait des visites commentées, à ses heures, pour un complément de revenu et pour entretenir son français. Elle a un bac+5, littéraire. Agée d’environ 25ans, elle vit toujours chez ses parents dans un appartement de Prague. Les études supérieures sont gratuites ici, mais elle apprécie ne pas avoir de logement à payer.
Ses parents travaillent dans la recherche nucléaire et bien que, âgés de 67 ans, ils sont toujours en activité, car la retraite n’est pas suffisante ici. (ça nous fait penser à l’avenir des retraites!)
Le logement est une question difficile à Prague, pour les étudiants. Des appartements d’état sont loués, selon elle, aux étudiants, en fonction de critères de proximité mais, aussi , aux plus offrants .
Autant d’éléments qui nous laissent à penser que le pays connait encore une situation difficile. Nous voyons la nette différence avec le voisin autrichien. D’ailleurs c’est en allant directement de Vienne à Prague que nous mesurons l’écart. En effet, les deux villes ont un superbe patrimoine culturel et architectural, mais la vie y est très différente. Nous le ressentons par l’entretien des bâtiments, l’attitude des gens, la présence de la pauvreté dans les rues, entre autre.
Sur la question de la séparation, d’un commun accord en 1993, de la République Tchèque et de la Slovaquie ( ex Tchécoslovaquie ), notre guide nous précise qu’il n’y a pas eu de référendum, qu’il s’agit d’un accord entre les dirigeants politiques , que la population n’aurait pas vraiment compris.
Avant de nous quitter, nous passons devant la stèle établie sur le mur de son ancienne université, du jeune étudiant de 20 ans, qui s’est immolé ,en protestation face à l’emprise soviétique , après le printemps de Prague . Nous nous en souvenons comme d’un événement récent, et pourtant pour notre jeune accompagnatrice, cet événement est déjà entré dans l’histoire !! Et la vie continue….
Vous vous en souvenez certainement, la république tchèque vient de présider l’union européenne. Son président, et sans doute un certain nombre de ses concitoyens, font partie des eurosceptiques. Notre accompagnatrice nous dit d’ailleurs qu’un certain nombre de personnes regrettent le régime précédent. Peut être que les excès dans un sens, puis dans l’autre, sèment parfois le doute.
C’est ainsi que nous nous quittons, pour rejoindre notre grand voisin européen : l’Allemagne.